• Chapitre 8

     

     

    Patte de Tempête s'étira, faisant rouler ses puissants muscles. Par cette matinée ensoleillée,  elle était partie à la chasse avec Patte de Vent et Patte de Poisson, sur ordre de leurs mentors. Elle soupira. Les deux matous n'avaient pas prononcé un mot depuis leur départ du camp. Patte de Vent n'ignorait pas que Patte de Poisson le détestait. Le jeune félin avait l'habitude des jugements et des regards de travers de certains ses camarades, ce qui avait le don d'énerver Patte de Tempête.

    Elle entendit un léger bruissement près d'elle. Elle huma l'air et repéra le doux fumet d'un campagnol. C'était sa proie préférée, avec la grive. Elle se mit en position, vérifia le sens du vent, avança sur les pointes des pattes, glissant sur les feuilles tombantes de la saison morte qui arrivait déjà. D'un bond, elle plaqua le rongeur au sol et l'acheva.  Elle ressortit des buissons, la petite bête en gueule.

    Elle l'enterra près d'un arbre et marqua la zone afin de la repérer.

    << On peut y aller? >> s'impatienta Patte de Poisson qui piétinait le sol, sa queue battant violemment l'air.

    Patte de Tempête acquiesça, se retenant de lui feuler à la gueule. Ils continuèrent un moment leur route, toujours en silence. Patte de Vent s'arrêta soudain, la tête en l'air.

    Il avait repéré un moineau qui picorait une branche. Rapide comme l'éclair, il grimpa à l'arbre et tua le volatile. Lorsqu'il redescendit, Patte de Tempête pressa doucement son museau contre celui du matou.

    << Bien joué! >>

    Patte de Poisson lui jeta un regard noir et s'éloigna dans les fourrés.

    << Je vais chasser. maugréa-t-il.

    - On est sensé chasser tout les trois! >> cracha l'apprentie, exaspérée par le comportement de son frère.

    Mais ce dernier disparut. Patte de Tempête soupira.

    << Quel cervelle de puce! >> Elle se tourna vers le matou tricolore et ronronna. << Viens, on va chasser. >>

    Ils continuèrent donc leur route, se dirigeant vers la Clairière d'Entrainement.

    << Je sais que c'est à cause de moi que tu ne parles plus à ton frère. finit par lâcher Patte de Vent.  Je ne veux pas être celui qui aurait brisé une famille...

    - Je m'en fiche de lui.Tu es bien plus important.  roucoula la femelle noire et blanche en effleurant le flanc du matou du bout du museau. Je t'aime.

    - Moi aussi >>

    Ils marchèrent pendant un moment, la queue entrelacée avant d'arriver à une petite clairière entre quelques arbres. L'herbe y était douce et réchauffée par le soleil. Patte de Vent s'éloigna pour aller fouiller dans les  fourrés tandis que Patte de Tempête cherchait du côté opposé.

    Elle repéra une souris, s'accroupit et bondit. Elle mordit le rongeur à la gorge puis se tourna vers Patte de Vent pour enterrer sa proie avec les siennes. Mais les yeux jaunes du matous étaient écarquillés par la peur. Il fixait un point derrière la femelle. Celle-ci se retourna. Presque aussitôt, une énorme ombre jailli des buissons. Une odeur forte  et pestilente pris l'apprentie à la gorge. Un chien! L'animal gigantesque aboya et se rua sur la femelle. Il l'attrapa par la nuque et la lança au loin. Par chance, elle atterrit sur une touche d'herbe épaisse.

    << Par ici! >> lui cria Patte de Vent en passant devant elle.

    Il l'aida à se relever puis fila en trombe vers l'arbre le plus proche. Sa fourrure était toute ébouriffée et ses yeux écarquillés. A la vitesse de l'éclair, il grimpa sur la branche la plus basse.  Patte de Tempête courut à sa suite, le souffle chaud de la bête sur ses talons. Elle était proche de l'arbre maintenant. L'apprentie banda ses muscles, et bondit. Elle buta contre le tronc mais réussit à s'accrocher. Les griffes plantées dans l'écorce, elle grimpa et se hissa sur la branche. Mais elle manqua un appuie et tomba à la renverse. Les pattes arrières dans le vide, tentant désespérément de remonter à la force de ses pattes avant, Patte de Tempête se retient de céder à la panique.

    Juste sous elle, la gueule de l'animal claquait, essayant d'attraper ses pattes.  Les petits yeux noirs du molosse étaient avides de sang et ses aboiements rauques. 

    << Tiens bon! >> miaula Patte de Vent.

    Il se pencha et saisit doucement la femelle par la peau du coup avant de la hisser sur la branche. Cette dernière se colla contre le bois, son petit coeur battant à tout rompre tentant d'ignorer les aboiements féroces et les griffes crissant contre le tronc.

    Un long moment passa, puis le chien, poussant un dernier grognement, s'enfuit dans la forêt. Les deux apprentis attendirent un moment puis doucement, descendirent.

    << On a eu chaud! miaula Patte de Vent. Viens, allons prévenir le camp qu'un chien traîne dans les parages. >>

    Trop choquée pour parler, Patte de Tempête hocha la tête. Les deux félins ramassèrent leurs proies et prirent le chemin du camp.

    Ils slalomaient entre les arbres au trot quand ils entendirent à nouveau des aboiements. Le poil hérissé, les deux apprentis s'arrêtèrent. Le museau en l'air, Patte de Vent renifla bruyamment.

    << Par là! >> fit-il en filant à travers les arbres.

    La peur lui tordant le ventre, Patte de Tempête le suivit. L'apprenti filait comme le vent. Il sauta aisément par dessus une racine noueuse.  La femelle le suivit, peinant à suivre l'allure tant ses pattes tremblaient.

    Ils finirent par débaucher sur une autre petite clairière. L'odeur de chein mêlée à celle de la peur embaumait l'air. Un matou au pelage gris et blanc était recroquevillé contre un chêne. L'imposante bête juste au dessus de lui découvrait ses crocs baveux.

    Le coeur de Patte de Tempête rata un battement. La proie du chien était Patte de Poisson! Feulant de rage, elle fonça vers le molosse et lui bondit sur le dos. S'accrochant tant bien que mal au pelage crasseux de la bête qui faisait claquer ses énormes mâchoires prêt d'elle, elle le griffait de toutes ses forces. D'une secousse, le chien la jeta au loin. Elle glissa au sol juste devant son frère.

    << Patte de Tempête! s'étrangla celui-ci.

    - Je t'avais dit qu'on devait chasser ensemble! >>

    Tandis qu'elle se relevait, Patte de Vent lui s'attaquait à la patte arrière du chien qui tournait en rond en tentant de l'attraper. Patte de Tempête bondit à nouveau sur le molosse, lui griffant d'un geste habile la joue. En retour, celui ci se tourna d'un coup et lui mordit sévèrement la patte. Criant de douleur, l'apprentie le mordit de toutes ses forces.

    Patte de Poisson finit par se joindre à eux et finalement, assaillit par trois félins prêt à en découdre, le chien s'enfuit.

    Essoufflée, Patte de Tempête s'écroula au sol. Sa patte arrière la faisait souffrir. Patte de Vent se pencha vers elle, la mine inquiet.

    << Ca va?

    - Oui. grimaça-t-elle en se relevant tant bien que mal. Je m'en sortirais tu sais!  >> ajouta-elle en donnant un petit coup de patte sur le front du mâle.

    Les trois apprentis décidèrent de rentrer au camp. Patte de Vent épaulait Patte de Tempête qui avançait clopin-clopant tandis que Patte de Poisson fermait la marche.

    << Merci. >> finit-il par lâcher au bout d'un moment.

    Patte de Vent le rassura d'un geste de queue tandis que Patte de Tempête ronronnait. Ils arrivèrent au camp, tous essoufflés, la fourrure en bataille et pleine de sang, le regard fatigué.

    Aussitôt, les guerriers se précipitèrent vers eux, étonnés.  Tempête de Feuille - baptisée depuis quelques lunes, ainsi que sa soeur Pelage de Pollen et Poil Scintillant, se précipita vers Patte de Poisson et colla son museau au sien.

    << Que s'est-il passé?

    - Vous vous êtes battus?

    - Où étiez vous? >>

    Ciel Argenté se faufila parmi les félins, les dispersant. D'un geste presque maternel, elle fit signe aux trois apprentis de le suivre. Elle les entraîna juste près d'un petit buisson qui d'apparence semblait minuscule, mais qui était en réalité plus large une fois à l'intérieur. C'était la tanière de pluie de la cheffe. Une petite partie de la clairière qui formait le camp était séparée du reste, c'était là l'endroit du chef. Il y avait un cèdre massif au branches basses qui formait un abri où la femelle argenté dormait lorsqu'il faisait bon. Mais à la saison morte et à la saison froide, elle dormait à l'intérieur pour ne pas attraper froid.

    C'était la première fois que la femelle blanche et noire venait ici. Chaton, elle avait essayée d'y aller et s'était fait durement réprimandée. Patte de Tempête contempla chaque petit détail de l'endroit. C'était beau et calme et comme le terrain était surélevée, on y avait une vue sur le camp. L'endroit idéal pour une tanière de chef en somme. Un jour, se sera moi qui vivrais ici! jura Patte de Tempête.

    Ciel Argenté leur fit signe de s'asseoir sous le cèdre.

    << Racontez moi tout. >> miaula-t-elle d'une voix calme.

    Patte de Tempête laissa Patte de Vent faire le récit de leur aventure. Une fois qu'il eu finit, la femelle argenté hocha doucement la tête.

    << Bien, je vois. >> Elle se leva. << Allez donc voir Fleur de Chêne, cette blessure n'est pas belle à voir Patte de Tempête - elle pointa les oreilles vers la patte de la jeune chatte. Une patrouille ira explorer le territoire pour voir s'il est partit. >>

    Les apprentis hochèrent la tête et sortirent de la petite clairière. Sans se soucier des regards curieux qui se tournaient vers eux, ils filèrent vers la tanière de la guérisseuse. Celle-ci les attendaient, les plantes juste sous la patte.

    << Installez-vous. >>

    Patte de Tempête se coucha sur le flanc et attendit que la femelle la soigne. Pendant un long moment, Fleur de Chêne appliqua différents cataplasmes sur les diverses plaies des félins. Elle reniflait la patte blessée de la chatte noire et blanche.

    << Belle plaie. Tu ferais mieux de te reposer ici quelques temps. >> Elle plaqua sa queue contre le museau de la novice pour couper court aux protestations. << Pas plus d'un quart de lune, afin que ça ne s'aggrave pas. Et non, tu n'as pas le choix. >>

    Tentant de cacher sa déception, Patte de Tempête posa sa tête sur ses pattes et attendit. Le cri de rassemblement de Ciel Argenté retentit dans la clairière.

    << On peut y aller? demanda Patte de Vent.

    - Oui. >> finit par lâcher la guérisseuse un air jovial sur le visage.

    Les trois apprentis sortirent donc dehors. Ciel Argenté se dressait sur le tronc d'arbre mort où se réunissait les félins lors des Assemblées de la tribu. Derrière elle, le soleil fondait dans le ciel indigo, dispersant des rayons orangés.

    << Aujourd'hui, nous sommes réunis pour nommer trois nouveaux guerriers. >> commença la femelle argent. Elle fit signe à Patte de Tempête et aux deux mâles d'approcher.  Surprise, la femelle n'osa pas bouger. La cheffe inclina les oreilles en avant comme pour l'encourager.
    D'un pas lent, elle avança, faisant de son mieux pour cacher son boitement. Elle ne voulait pas que tout le monde se souvienne d'elle comme une guerrière boiteuse! Les trois félins se postèrent au pied du tronc, assis bien droit.

    << Patte de Vent, tu es déjà bien âgé pour un apprenti et tu ne t'es pas découragé quand ta soeur à été faite guerrière avant toi - Elle adressa un signe de tête à Poil Scintillant. Tu as sus prouvé à tous ceux qui te reprochait tes origines que tu es digne d'être un membre de la Tribu de la Pluie. A présent, ton nom sera Plume de
    Vent, puisses tu garder ces qualités jusqu'à ta mort. >>

    Elle effleura le front du matou du museau.  Celui-ci ronronnait de joie. Il avait tant attendu ce jour! Patte de Tempête ronronna de plaisir pour son compagnon.

    << Patte de Poisson, tu es un chat plein de fougue au grand talents de combat. Tu es un atout précieux à la tribu. Aujourd'hui, tu deviens Coeur de Poisson. >> Elle reproduit le même geste puis se pencha vers la femelle. << Patte de Tempête, tu es déjà une grande guerrière et nous sommes fier de te compter parmi nous.  En ce jour, tu reçois le nom de Tempête de Neige, continue de bien servir ta tribu. >>

    Tandis que la cheffe lui léchait le front, la nouvelle guerrière ne put s'empêcher de penser à Douce Bise. J'espère que tu es fière de moi, maman. murmura la femelle, en tentant de retenir ses larmes.

    Je serais toujours fière de toi, ma chérie...

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