• Chapitre 16

      En rentrant au camp, Ciel d'Orage bondit lestement sur le Grand Rocher. Aussitôt, toute la tribu se rassembla autour de lui. Ceux restés au camp étaient là eux aussi, incapables de s'endormir. Bourgeon de Nuit suivit Plume Sombre au premier rang.

    << La Tribu de l'Eclair à refuser de nous aider! Ciel Gris ne souhaite que notre mort! Mais il n'en sera pas ainsi! Dès la nouvelle lune, nous attaquerons et prendrons leur territoire de force! rugit Ciel d'Orage.

    - Pourquoi attendre? demanda Coeur de Glace, la queue battante. Attaquons les dès demain! >>

    Vous ne pouvez pas faire ça! avait envie de gémir Bourgeon de Nuit.

    << Tu as raison. Nous attaquerons dès l'aube! feula Ciel d'Orage. Maintenant, allez dormir! Vous aurez besoin de force pour mettre une raclée à ses bouffeurs de chair à corbeau! Pelage de Gravier? J'aurais besoin de te parler de l'attaque. >>

    Bourgeon de Nuit était si choquée qu'elle ne prit même pas le temps de saluer Plume Sombre et partit dormir. Comment allait elle pouvoir faire pour arrêter cela? Elle ne pouvait pas, elle le savait. Alors, comment supporter cela? Soupirant, elle s'allongea dans sa litière et ferma les yeux. Mais, le sommeil ne vient pas.  Elle eut beau essayer de s'endormir, elle n'y parvient pas. La petite chatte noire resta là, à regarder les étoiles. Ô Tribu des Cieux, pourquoi faut il se battre pour survivre? Combien de morts pour juste une souris? 

     

    Bourgeon de Nuit suivait Fleur de Papillon, tête basse. Devant elles, la tribu se dirigeait vers la frontière. Ils ne pouvaient plus reculer : la guerre était là. Une fois la frontière en vue, Fleur de Papillon l'entraîna à l'abri dans les buissons. Elles déposèrent leurs remèdes et se calèrent dans un coin, tandis que les guerriers se tapissaient près de la frontière, aux aguets.

    << Que font ils?  voulut savoir Bourgeon de Nuit. 

    - Ils attendent une patrouille. >> répondit simplement Fleur de Papillon.

    Puis la guérisseuse partit voir Ciel d'Orage. Son apprentie la suivit.

    << Ciel d'Orage, si tu es blessé, viens me voir. Je sais que tu es fière et que tu es un battant, mais si la tribu te perd, que deviendrons nous? Il en va de même pour chaque guerrier. miaula Fleur de Papillon en ce tournant vers le reste de la tribu.

     - Très bien. >> grommela le meneur.

    Connaissant son père, Bourgeon de Nuit se doutait qu'il préférerait mourir pour la tribu que de renoncer à se battre avec elle. Elle tressaillit en songeant à la mort de Ciel d'Orage. Il risque de mourir! Comme tout ces autres chats! Je ne peux pas laisser faire ça! Je dois tenter quelque chose! Il est encore temps de renoncer à la voie de la guerre! Elle inspira. Au moment où elle parla, elle entendit la voix de Fleur Douce dans sa tête : La guerre est le lot des guerriers. Aussi sanglante qu'elle soit, tu dois accepter chaque guerre. Toutefois, c'est ton devoir de prévenir et conseiller ton chef. Alors, vas-y.

    << Ciel d'Orage? demanda timidement la petite chatte.

    - Oui? fit le chef en posant sa queue son le dos de sa fille.

    - Vous aller vraiment vous battre? Alors qu'il risquent d'avoir des blessés?

    - Il y aura des morts si on reste à rien faire! Nous mourrons de faim! Rappelle toi Oeil Doré! s'emporta le meneur.

    - Mais ce n'est pas forcément la solution! protesta la petite chatte noire.

    - Alors, je t'ne prie, fait moi part de ta solution! J'ai tout essayé! Ils ont choisis de nous abandonnés! >> feula Ciel d'Orage. Il soupira. << La Tribu des Cieux t'a-t-elle parlée? >>

    Bourgeon de Nuit hésita à lui parler de Fleur Douce. Mais, cette dernière était la mère de son père, ce ne lui serais pas bénéfique de lui en parler d'elle avant le combat.

    << Non. répondit elle, avant d'ajouter d'une sagesse qui n'était pas de son âge. La Tribu des Cieux est restée silencieuse. Ce n'est que mon avis, après, c'est à toi de choisir.

    - Et je t'en remercie. ronronna Ciel d'Orage. Mais, je ne peux pas laisser ma tribu mourir de faim, tu comprends? >>

    Bourgeon de Nuit acquiesça et s'éloigna. Fleur de Papillon était déjà repartit dans le buisson où étaient entreposés les remèdes. Avant d'y entrer, elle vit Plume Sombre qui la fixait, assis sur la frontière. Aussitôt, la peur de le pendre la saisie. Elle se mit à courir vers lui, et le matou fit de même. Elle se frotta à lui en ronronnant. Plume Sombre lui lécha tendrement les oreilles.

    << Sois prudent. murmura-t-elle.

    - Je te le promet. Je reviendrais, n'ai crainte. >> chuchota-t-il.

    Puis, doucement, il s'écarta, lui donna un coup de langue entre les deux oreilles et partit rejoindre les autres sur la frontière. L'apprentie le regarda partit, le coeur lourd. Elle ne supporterais pas de le perdre.

     

    Un cri retentit dans la clairière. La patrouille adverse était là. Bourgeon de Nuit et Fleur de Papillon étaient assises sous le buisson avec leur remèdes. La petite chatte noire risqua un oeil à l'extérieur. Une patrouille adverse, composé de Tigre Blanc, Queue Noire, Feuille de Sapin, Plume d'Oiseau et Aube Scintillante, s'avançait vers eux. Puis, en les voyant, Aube Scintillante s'enfuie. Ciel d'Orage avançait vers les patrouilleurs.

    << Qu'es ce que vous faites là? feula Plume d'Oiseau, malgré la tribu menaçante que se tenait devant lui. Dégagez!

    - Nous avons faim! Vous nous abandonnez à la mort. Mais je refuse de laisser ma tribu mourir ainsi à cause de pauvres félins indignes! >> rugit Ciel d'Orage. Quand Plume d'Oiseau et Queue Noire s'avancèrent, menaçant, Ciel d'Orage s'assis calmement. << Calmez vous. Attendez que Aube Scintillante revienne avec des renforts. Je ne veux pas de vos morts sur la conscience, voyons! >> Le ton de Ciel d'Orage était mielleux, comme s'il savait qu'il ressortirait vainqueur et qu'il se moquait des adversaires. 

    Plume d'Oiseau était prêt à bondir sur le meneur noir, mais Feuille de Sapin l'en empêcha en lui barrant la route avec sa queue. 

    Bientôt, Aube Scintillante revient, suivit par une vague de félins feulant et rugissants.  Bourgeon de Nuit reconnut Patte de Cendre, Patte Dorée et Patte de Lune dans la mêlée. Elle vit aussi Fleur Ombragée et Fleur de Cerisier qui restaient en retraient avant de poser des remèdes sous un arbre près des guerriers qui se battaient avec rage.  Ne voulant pas voir cela, Bourgeon de Nuit rentra dans le buisson et se coucha dans un coin, les pattes sur les oreilles. Les cris des guerriers l'horripilait. Fleur de Papillon, elle, était à l'entré du buisson,  prête à s'élancer si un blessé se présentait. 

    Soudain, la guérisseuse écaille partie en courant. Elle revient sous peu, épaulant Coeur de Glace. Bourgeon de Nuit se releva sous le dur regard que la guerrière lui lançait. Cette dernière avait le pelage couvert de sang et elle boitait. La petite chatte noire prit sans un mot quelques peu de toiles d'araignée enroulées sous un bout de bois. Fleur de Papillon, elle, était déjà repartit. Bourgeon de Nuit prit une pousse de prêle dont elle appliqua le jus sur la blessure de Coeur de Glace, puis, elle prit les toiles d'araignée qu'elle enroula autour de la patte de la blessée. 

    << Merci. grimaça la guerrière en se levant.

    - Où va tu? la rappela l'apprentie guérisseuse en voyant Coeur de Glace sortir.

    - Quelle question! Je retourne au combat! La tribu à besoin de moi!

    - Mais...

    - Mais quoi? Sais tu seulement ce que c'est que se battre? L'honneur de la tribu? C'est une question de vie ou de mort! >> feula Coeur de Glace en sortant et en bondissant aussitôt sur un matou massif au pelage brun foncé.

    Tout ce que je sias, c'est que des chats vont êtres blessés ou même tués pour quelques souris, alors qu'ils seraient plus facile de les obtenir en parlant. Bourgeon de Nuit refusait de croire que seule la guerre était la solution. Elle secoua la tête et partir en courant à la recherche de Coeur de Glace. Elle était blessée, elle ne pouvait pas combattre encore et encore! En sortant, elle croisa Fleur de Papillon qui ramenait Pelage de Gravier. Le lieutenant semblait dans un piteux état. La fourrure poisseuse et striée de sang, trouée par endroits, il semblait plus faible que jamais.

    << Où va tu, Bourgeon de Nuit? l'interpella Fleur de Papillon.

    - Chercher Coeur de Glace! Elle est repartit combattre mais elle ne peut pas! lança la petite chatte noire en s'arrêtant.

    - Sois prudente. >> miaula la guérisseuse en la fixant de ses yeux bleus glacés. Comme si elle pouvait lire dans l'esprit de l'apprentie, comme si elle savait combien celle ci détestait la guerre et le sang. Déconcertée, Bourgeon de Nuit fila en courant dans la foule. La peur l'habitait, tandis qu'elle zigzaguait entre des félins roulant au sol. Elle repéra Coeur de Glace au proie du même matou que tout à l'heure, un matou brun foncé. Bourgeon de Nuit parvient à reconnaître Plume d'Oiseau. Ce dernier maintenait la femelle grise claire et blanche au sol qui ne parvenait pas à se dégager. Bourgeon de Nuit réprima un mouvement de recul en constatant avec horreur ce qu'était que la guerre. Mais, elle se devait de sauver Coeur de Glace. Le souffle court et saccadé, les pattes tremblantes, elle cria : 

    << Lâche la! >>

    Plume d'Oiseau se tourna vers elle et avec un regard des plus effrayants, bondit. La petite chatte noire poussa un cri strident et se recroquevilla sur elle même. Quand le matou la plaqua au sol, elle cria de plus belle. Elle se préparait à souffrir quand elle fut libérée du poids du matou. Lentement, elle se releva et vit que Plume Sombre avait cloué à son tour, Plume d'Oiseau au sol.

    << Cours! >> lui cria le félin tigré.

    La petite chatte noire n'hésita pas, elle aida Coeur de Glace à se relever et courut jusqu'au petit buisson.

     

    Bourgeon de Nuit regarda dépitée les félins se retirer, tête basse, queue pendante. Ils avaient perdus. Au loin, la Tribu de l'Eclair regardait, assise à la frontière, avec fierté la tribu vaincu. La petite chatte noire prit quelques remèdes dans sa gueule et suivit son mentor qui fermait la marche. Elle vit Plume Sombre qui épaulait Patte de Lueur, Belle Lune, elle, marchait aux côtés de Pelage Gris. L'apprentie guérisseuse chercha sa mère du regard. Avec effroi, Bourgeon de Nuit la trouva, à demi- effondrée, le pelage striée de sang, une large plaies sur le flanc. Ciel d'Orage l'aidait à marcher tant qu'ils le pouvait.  La petite chatte noire poussa un cri  des plus stridents. Elle lâcha les remèdes qu'elle tenait dans la gueule. Elle se précipita en courant vers ses parents. Fleur de Papillon la suivit. Belle Lune se retourna et une expression de terreur se dessina sur son visage. Elle les rejoignit aussitôt. Bourgeon de Nuit se placa devant son père, haletante. 

    << Qu'es ce qui c'est passé? gémit la petite chatte noire.

    - Peu importe. Il faut rentrer au camp. fit son père, d'humeur maussade.

    - Mais, elle est blessée! protesta Bourgeon de Nuit en regardant sa mère. Une large entaille sanglante lui ouvrait le flanc et elle vomissait du sang. 

    - Elle à raison. Epine de Pin ne survivra pas si on ne la soigne pas de suite. >> renchérit Fleur de Papillon en arrivant. 

    Ciel d'Orage regarda la guérisseuse, comme si il ne comprenait pas ses paroles, ou comme si il ne voulait pas les comprendre. Puis, il poussa du museau Epine de Pin jusqu'à un buisson où elle s'écroula. 

    << Epine de Pin! s'écria Belle Lune en arrivant, terrifiée.

    - Sa va aller. murmura Fleur de Papillon.

    - Tribu des Ténèbres, rentrez au camp. Les blessées n'auront qu'à attendre Fleur de Papillon devant sa tanière, nous ne tarderons pas. les interrompit Ciel d'Orage en s'adressant aux félins qui c'étaient attarder en le voyant  s'arrêter. 

    - Et les plus mal en point? demanda Boule de Bardane.

    - Ils peuvent rester ici. >>

    Tandis, que la tribu se remettait en route, Fleur de Papillon était partie chercher les remèdes que Bourgeon de Nuit eu fait tomber. L'apprentie guérisseuse plaqua ses pattes avant sur la plaie de Epine de Pin pour arrêter hémorragie. Ciel d'Orage c'était couché près de sa sompagne, le regard lointain, il lui léchait l'oreille. Belle Lune, elle, restée plantée là, totalement paniqué, ses yeux jaunes allant de Epine de Pin à Bourgeon de Nuit et Ciel d'Orage. Le coeur de Bourgeon de Nuit se déchirait à chaque fois qu’Épine de Pin toussait alors que Ciel d'Orage sursautait à chaque mouvement de la blessée. Puis, Fleur de Papillon revient, la gueule pleine de toiles d'araignée et de prêles. Bourgeon de Nuit le lui arracha presque de la gueule et la guérisseuse partit voir les autres blessées. Avec hâte, tremblant de tout ses membres, la petite chatte noire mâcha les prêles qu'elle appliqua et colla les toiles d'araignées sur la plaie. Elle eu un sursaut et se retient de crier quand Epine de Pin se mit à convulser. 

    << Epine de Pin! gémit Belle Lune, les yeux écarquillés de terreur.

    - Tout va bien mes chéries. >> miaula faiblement Epine de Pin. Elle toussa et un flot de sang s'échappa de sa gueule. << Tout va bien. répéta-t-elle plus fort. Soyez fortes. Belle Lune, tu es une grande guerrière. >> Elle fut coupée par une quinte de toux. << Tu as un grand coeur et une loyauté sans faille. Sert-en. >> Elle se tourna vers Bourgeon de Nuit. << Et toi, tu es une grande guérisseuse, et malgré le fait que tu renie la guerre et la vie de guerrière, tu es digne d'être ma fille. >> Elle toussa encore et convulsa de plus belle. << Tu sera la plus grande des guérisseuses, je le sais. >> Elle tourna la tête vers Ciel d'Orage. << Et toi mon amour, n'ai crainte, nous nous reverrons. >> Sa voix tremblait sous l'émotion. << Tu es le plus grand de tout les chefs et le plus grand des compagnons. >> Elle fut prise d'une autre quinte de toux.

    << Epine de Pin! Non! Tu ne va pas mourir, je te le promet! cria Bourgeon de Nuit en appuyant sur les toiles d'araignées rougit par le sang. 

    - La Tribu des Cieux m'appelle. Mais, je serai toujours là pour vous. 

    - Non! Non! hurla Belle Lune en s'approchant. Reste. Tu DOIS rester! On à besoin de toi! MOI j'ai besoin de toi!

    - Sois forte, ma fille. lui murmura Epine de Pin, prise de convulsions.

    - Dis moi qui ta fait ça! gémit Belle Lune, horrifiée. 

    - C'est... >> Epine de Pin n'en dit pas plus. Elle ferma les yeux. 

    << Epine de Pin! >> cria Bourgeon de Nuit. 

    Epine de Pin rouvrit les yeux, puis lentement, elle articula ces quelques mots. << C'est Patte Dorée. >> Epine de Pin eut un hoquet, elle convulsa encore, vomissant encore plus de sang. Puis, d'un coup, elle se raidit et ses yeux se fermèrent. 

    Belle Lune, recula, choquée, sous l'effet des derniers mots de sa mère. Son expression de terreur se mua en une expression indéchiffrable, mêlant incompréhension et semblant être aussi choquée que si Epine de Pin c'était transformée en souris. Le sang de Bourgeon de Nuit bouillait de rage. Patte Dorée avait osé tuer sa mère. La petite chatte noire eut brusquement envie de faire avaler autant de baies empoisonnées qu'il n'existait dans la forêt avant de se figer devant sa propre haine. Elle, elle qui détestait la mort, avait eu envie de tuer un autre félin. Accablée, elle s'effondra près de sa mère. En gémissant, elle lui lécha intensément le front, espérant qu'elle se réveillerait. Mais, elle était morte. Epine de Pin n'était plus.


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