• Chapitre 8

     

     

    Patte de Givre secoua son pelage pour en chasser quelques gouttes de pluies. Même si le ciel devenait peu à peu clair, dénudé de ses nuages sombres, le buisson de fougère qu'elle venait de traverser était toujours trempé. La novice s'assit et remit en place les poils de son poitrail. Elle remua agacée son oreille au bout noir pour chasser une goutte.  La chatte regarda autour d'elle et en déduit qu'elle se trouvait non loin du Plateau de Bruyère. Depuis qu'elle était sortit du camp, elle ne s'était pas arrêtée et avait marché un long moment, longeant un petit ruisseau. Patte de Givre soupira. Comme cela se fait il que tout le monde apprécie Croc d'Argent? Ce n'est qu'un hypocrite ! Je ne comprend pas comment il peut avoir une compagne et des petits! En plus Plume de Silex attends une autre portée! Comme si supporter Patte de Suie n'était pas assez... Il y a quelques jours à peine, le lieutenant les avaient emmenées toute les deux au Plateau de Bruyère pour s'entraîner au combat. L'apprentie tigrée de noir avait été insupportable, au même titre que son père.

    Patte de Pluie se figea soudain, le museau en l'air. Un doux fumet parvient jusqu'à ses narines. L'apprentie repéra très vite un écureuil fauve et blanc qui grignotait une faine, perché sur une branche d'un frêne. Adoptant la position du chasseur, elle rampa jusqu'aux racines de l'arbre et se percha sur l'une d'entre elles. Tentant d'ignorer les gargouillements de son estomac, elle leva ensuite la tête pour repérer une dernière fois la position du rongeur et bondit. Sortant les griffes pour s'agripper à l'écorce humide, elle usa de la force de ses pattes pour se hisser le plus silencieusement possible. Elle était presque arrivée à l'intersection du tronc et de la branche en question que sa patte arrière glissa, faisant tomber dans un fracas un gros copeau de bois. Crotte de souris! Grimaçant de douleur lorsqu'elle sentit une écharde s'enfoncer dans son tendre coussinet, Patte de Givre replaça sa patte. Inutile puisque l'écureuil, alerté par le boucan, passa à toute allure à quelques queue de souris d'elle avant de sauter au sol et de décamper. Ignorant l'écharde et la douleur qu'elle procurait, l'apprentie fit de même et se précipita à sa suite, projetant de minuscule perles d'eau derrière elle. Elle courut longuement, poursuivant plus l'odeur du rongeur que lui même.  Elle finit par s'avouer vaincu lorsque celui ci sortit du territoire de la Tribu de la Lumière et s'enfuit dans la plaine longeant les collines.  Dépitée, Patte de Givre, s'assit et entreprit à se lécher le poitrail et le museau.

    Ce faisant, elle rêvassa à propos de ce qui pouvait ce trouver derrière ces collines. Elle se souvenait des histoires qu'Oeil de Mulot leur avait conté à ce propos alors qu'elle était encore un chaton. Leur père racontait qu'autrefois, à l'époque des créateurs des tribus, ce territoire appartenait également aux tribus. Le territoire était alors divisé autrement : La tribu des Ténèbres et celle de la Pluie se tenait sur ce qui à présent était le territoire des quatre tribus et la Tribu de l'Eclair et la Lumière habitaient les bois derrières les collines. Ces temps là étaient bons pour tous, presque personne ne manquait de nourriture, même à la saison froide car le territoire était grand. Malheureusement, les deux tribus isolées devaient parcourir un long trajet pour se rendre aux Assemblées et étaient bien trop près de la grande ville de Sans-Queues qui se trouvait là bas. Finalement, les tribus se sont partagées le territoire quand les Sans-Queues finirent par les terroriser et à les chasser. Depuis, le seul moment où l'ont se rendrait de l'autre côté de ses collines, dont les bois étaient devenus dangereux à cause des renards et des blaireaux la peuplant, c'était à l'Arbre des Cieux, pour le baptême d'une guérisseuse ou au Pic Scintillant pour le baptême d'un chef.

    Patte de Givre bailla. Croc d'Argent lui faisait subir  un entraînement intensif, ce qui l'épuisait.  Elle décida de rentrer, espérant ne pas rencontrer en chemin sa soeur et se mit donc en route. Longeant la frontière, l'apprentie était presque rendue à la lisière de la forêt quand elle sentit une étrange odeur. La femelle se stoppa, le museau en l'air. Un étrange fumet parvient alors à ses narines. Au départ on pouvait penser que c'était une souris mais une odeur nauséabonde camouflait celle du rongeur. L'odeur de la mort.  Cherchant l'origine de ce sombre parfum, Patte de Givre colla sa truffe au sol et avança. Elle franchit la frontière sans s'en rendre compte et continua jusqu'à butter sur une masse visqueuse. Une souris, moitié dévorée, moitié décomposée jonchait le sol. Les petits asticots jaunâtres qui grignotait la chair pourrit rendirent malade la jeune chatte qui détourna le regard. Qui peut bien laisser une proie à moitié dévorée alors que la saison froide arrive à grandes pattes! s'indigna la jeune femelle.

    Contournant l'animal, Patte de Givre s'avança un peu plus loin, suivant une deuxième piste. Cet odeur là n'était pas celle d'un rongeur mais d'un félin. Elle était si ténue que la novice ne sut dire si c'était celle d'un mâle ou d'une femelle. Patte de Givre la remonta jusqu'au pied de la colline. Là, un petit glissement de terrain avait ouvert une entrée dans la dune. Du lierre en couvrait l'entrée et une douce chaleur s'en dégageait. L'apprentie se glissa à l'intérieur. La cavité était ronde et plutôt petite mais cosy. Le sol était mousseux et le ruisseau qui courait sur la colline gouttait à travers le sol rocheux, formant une petite source à même la roche. Patte de Givre s'approcha de la litière de fougère qui ornait le fond de la tanière. Humant cette dernière, la chatte en déduit que l'occupant était un mâle. Mais que faisait-il ici? Pourquoi avait-il établie sa tanière aussi près de la frontière de la Tribu de la Lumière? Et pourquoi aucune patrouille ne l'avait jamais remarqué? Tant de questions et si peu de réponses. Patte de Givre soupira et fit demi-tour. Elle voulait rentrer au camp le plus vite possible pour avertir les guerriers.

    Trop tard, une ombre se plaça devant l'entrée de la tanière, les crocs découverts, ses yeux jaunes étincelants.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 2 Décembre 2016 à 21:57

    Il n'y a pas d'interactivité sur E-Klablog en se moment, je m'ennuie a mourir :(

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